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Parc de Khao Yai - Sous le ventre de l’éléphant blanc

TEMPS DE LECTURE : 2 minutes.


Bien que l’appel de la ville soit séduisant, une virée tropicale dans l’un des parcs naturels disséminés dans la région du Centre devient légitime, histoire de s’imprégner d’une autre Thaïlande, faite d’aventures et de légendes.

Dès la veille, préparer ses affaires sans excès ni superflu, partir dans la matinée pour se pointer en retard à la gare routière, négocier des places assises que l’on espère confortables car, on nous l’a dit, le voyage en bus est épique ! S’extirper des embouteillages et entrer tout à fait dans les provinces agricoles du Centre. Descendre au bon terminal régional, y prendre un atroce tacot pour une dernière heure de route sinueuse.

Se rapprochant de l’entrée du parc de Khao Yai, on remarque le long de la voie une flore bien plus dense et des pistes qui se faufilent vers des exploitations en jachère ou des rizières en terrasses. Au bout, une barrière se lèvera sur présentation de tickets d’entrée achetés dans la guérite adjacente ; derrière, protégée par un grand massif d’hévéas, la maison du parc est ouverte. Des écriteaux rappellent le respect de l’environnement et montrent la diversité de la faune que des gardiens surveillent et protègent. Un mercantile deal est signé, le trek en pick-up se fera avec la bienveillance d’un guide qui dirigera le groupe vers des points stratégiques de la réserve ; une logistique sommaire était déjà en attente à l’arrière d’un véhicule. Dès les premiers kilomètres de piste, une vive appréhension à entrer dans la jungle, ravivée par la mise en garde sur la présence avérée de sympathiques macaques et gibbons et celle, moins docile, de cobras, léopards et ours, voire de chauves-souris. Quant aux éléphants sauvages, ces derniers, on devrait les voir venir !

Ça commence à piquer et à gratter : faire fi des moustiques et éviter les sangsues lors des escapades dans des sentiers ombragés et grouillants. Le guide, lui, avance, sort son coupe-coupe, montre une fleur rare, pointe un vol de calaos et trouve des fruits sauvages pour le campement du soir. Une clairière au loin annonce l’arrêt des ébranlements du véhicule et une nouvelle pause possible ; la plate-forme sur pilotis servira de repère le soir venu pour observer le passage des animaux vers les points d’eau. Justement, des rivières drainent tout le parc avec des cascades réputées dangereuses ; l’occasion de se baigner avant la nuit tombante.

Sobre dîner à goûter des insectes et reptiles grillés, les fruits trouvés en chemin et le riz gluant seront de précieuses denrées. Dans la cahute, on entend grillons et cris de singes. De toute manière, pas la peine de dormir, la traque nocturne est lancée.

Retourner sur la plate-forme pour guetter les animaux sauvages qui se font discrets. Le ciel étoilé rassure dans la symphonie de bruits inconnus ; certains plus caverneux se font entendre, un troupeau à l’approche : celui attendu des éléphants. Mais comme une impression qu’ils contournent volontairement la planque, bien que le guide ait juré que c’était le passage obligé de tous les mammifères. Il avait aussi raconté l’improbable rencontre avec un hypothétique éléphant blanc et le défi superstitieux de se glisser sous le ventre de cet animal pour s’assurer d’un bonheur éternel. Le grondement reprend, on croit voir bouger des branches et jaillir un félin à la poursuite de pachydermes inoffensifs ; peut-être s’aventurer plus près et, si la nature daigne se dévoiler, alors oser passer sous le ventre de l’éléphant blanc.

Jean Maury
Version révisée par les éditions Gope, janvier 2017

Texte extrait de Sous le ventre de l’éléphant blanc qui peut être acheté ici

© illustration : Gift from Doris Duke Charitable Foundation's Southeast Asian Art Collection, 2002

Maison d’édition indépendante ayant pour vocation de faire découvrir la Thaïlande, Hong Kong, la Malaisie, l'Indonésie, le Cambodge... par le livre

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