Livres ayant pour thème ou cadre l'Asie du Sud-Est

Trois autres Cambodge

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Collectif sous la direction de Teri Shaffer Yamada
Nouvelles
13 x 19 cm
220 pages
ISBN 978-2-494118-24-9
20 €
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Résumé

1RE PARTIE : UN AVENIR À CONSTRUIRE

— Si tu ne te maries pas, j’en mourrai. Je serai tellement gênée d’avoir une fille comme toi. Existe‑t‑il une famille qui ait une fille pareille ? Si tu ne crois pas que j’en mourrai, continue et tu verras.

 

2E PARTIE : CET HÉRITAGE DU PASSÉ

— Autrefois, quand tu avais un problème, mon mari t’aidait. Maintenant, tu es ingrat et me méprises. Tu n’aides même pas mon enfant ! Tu fais partie de la nouvelle génération. Tu ne fais pas la différence entre le Bien et le Mal. Je suis civilisée, mais toi, tu es sauvage !

 

3E PARTIE : LA VOIE DU JUSTE MILIEU

Nous sommes nombreux à courir après le camion-poubelle. Les ordures, c’est notre argent ; les autres et moi, nous courons après l’argent. Certains disent que j’ai même fait ce boulot dans une vie antérieure. Que peuvent-ils bien savoir de ma vie antérieure ?

L'auteur

Chieb Kimheang, Heng Oudom, Kao Seiha, Kao Sokchea, Mey Son Sotheary, Nhem Sophath, Noch Sakona, Pen Chhornn, Phou Chakriya, Phy Runn, Ry Sarong, Seng Chanmonirath, Sun Try, Svay Leemeng, Than Chan Tepi et Yur Karavuth font partie d’une nouvelle génération d’auteurs cambodgiens nés après les années 80.

Rompant avec l’esthétique traditionnelle de la prose khmère, ils abordent des sujets qui reflètent les inquiétudes d’une jeunesse à la recherche de sa place dans la société cambodgienne.

V. O. éditées par Teri Shaffer Yamada

Traduction : Marie Armelle Terrien-Biotteau

Extrait

Trois autres Cambodge

Nouvelles
Collectif sous la direction de Teri Shaffer Yamada

 

 

Le dernier client de la belle‑de‑nuit

Noch Sakona

Un homme aux cheveux poivre et sel se retourne vers la porte de sa chambre qui s’entrouvre doucement. Il voit une magnifique adolescente de 17 ans environ. Le costaud qui avait ouvert la porte incline la tête vers quelqu’un à l’extérieur puis ferme la porte, laissant la jeune fille à l’intérieur.

Alors, l’homme qui se trouve dans la chambre baisse le son du téléviseur et la regarde attentivement tandis qu’elle se dirige vers le lit où il est allongé. Et il lui pose une question :

— Que t’a dit ce type ?

— Il m’a dit de vous faire un massage.

— Un massage ordinaire ou érotique ?

Elle ne répond pas à la question et se contente de sourire. Il lui demande d’aller prendre une douche. Elle s’enferme dans la salle de bain en pensant : Pourquoi la vie est-elle si affreuse ? Mes clients sont tous âgés et ont des cheveux gris. Celui-ci est-il un tigre ou un loup ? Peu importe puisque dans les deux cas, ils m’achètent.

Puis elle sort de la salle de bain et se dirige de nouveau vers le lit. Elle tourne son visage vers l’homme en pensant : N’est-ce pas affligeant ? Il va probablement me demander de me déshabiller de façon à reluquer mon corps d’un regard lubrique.

Pendant qu’elle se dit cela, le client lui demande d’ouvrir la valise qu’il a apportée. Elle est pleine de négligés sexy. Ils sont si beaux et ravissants qu’elle s’interroge sur ce qu’il se passe : Pourquoi se conduit-il de cette façon ? Je ne comprends pas…

Elle sort un négligé de la valise et le tient à bout de bras. L’homme semble comprendre ce qu’elle ressent et dit :

— Tu peux choisir n’importe lequel.

— OK. Merci.

— Tu n’as qu’à l’essayer, répond l’homme.

Elle est ravie de l’essayer et dit :

— Cette soirée prend une drôle de tournure. Vous êtes différent des autres clients.

L’homme, qui semble s’intéresser à elle, dit :

— Tu as le chic de choisir un négligé qui met ta silhouette en valeur. Quelqu’un les a envoyés à ma fille. Elle ne peut pas les porter tous, alors prends-en quelques-uns.

Revêtue du négligé, elle s’admire et répond :

— Merci ! Mais… que puis-je faire pour vous, mon Oncle ?

En souriant, il lui demande :

— Pourquoi m’appelles-tu « mon Oncle » ?

— Que suggérez-vous d’autre ? Voulez-vous que je me conduise comme les masseuses que vous avez connues avant ?

Il sourit, puis lui demande de sortir l’huile utilisée pour réduire les douleurs musculaires. Elle lui masse le corps. En son for intérieur, l’homme pense : Elle n’est pas aussi expérimentée que les autres employées.

Puis il lui demande :

— Où as-tu appris ce genre de massage ?

— C’est comme ça que je massais ma mère et ma grand-mère… Je ne suis jamais allée dans une école de massage.

Sa façon de parler indique à l’homme qu’il s’agit d’une personne honnête, mais il est convaincu qu’elle renferme sans doute beaucoup de secrets.

En le massant, elle ne cesse de réfléchir à l’attitude de cet homme – il ne veut pas avoir de relations sexuelles avec elle, mais à la place, il lui pose un tas de questions concernant son passé – et elle se dit que les prostituées ont, elles aussi, besoin d’un peu de fantaisie. Alors, elle lui raconte sa vie :

— Je suis la fille d’un fermier. En grandissant, j’ai posé des questions à son sujet sans obtenir de réponse. Et cela fit pleurer ma mère. Elle m’a dit que mon père était mort quand j’étais petite… sur le champ de bataille. Tous les matins, ma mère partait travailler chez d’autres personnes et n’était jamais à la maison. À cette époque-là, mon frère et moi ne comprenions pas les difficultés qu’elle affrontait ; nous pleurions tout simplement parce que nous avions faim. Tous les soirs, nous dînions ensemble – nous n’avions jamais de mets délicieux , juste assez pour avoir le ventre plein. Devenue grande, j’ai aidé ma mère ; je gagnais de l’argent pour acheter du riz. Quand mon frère atteignit l’âge d’aller à l’école, ma mère l’envoya dans une association d’aide à l’enfance. Le temps a passé et je suis devenue une femme. Je sentais que notre quotidien de pauvres nous rendait toutes les deux malheureuses, mais nous n’avions pas d’autre choix que d’essayer de survivre. Un soir après dîner, nous sommes allées au lit de bonne heure sans même nous soucier d’aller regarder un film chez nos voisins comme nous le faisions régulièrement. Ma mère toussait continuellement, parfois jusqu’à cracher du sang. J’en étais malheureuse pour elle, mais elle me répondait :

« Je vais bien ; je tiens le coup. C’est simplement que je travaille trop dur, alors je me sens faible. Je vais me reposer un peu et j’irai mieux. Ne t’inquiète pas. »

Nous nous démenions pour subsister. Et ma mère devenait de plus en plus maigre. Elle n’arrivait pas à dormir, et nous ne mangions pas assez. Une nuit, je vis un flot de larmes couler dans ses joues creuses. J’en étais malade pour elle. Ces larmes reflétaient sa douleur de vivre de façon si difficile et de ne pas pouvoir aider sa fille. Et cette nuit-là, ma mère alla chercher de l’aide auprès d’une dame.

Après qu’elle eut terminé de raconter cette partie de son histoire, l’homme lui demanda :

— À cette époque-là, aucune association ne pouvait donc t’aider ?

— Si, il y en avait. Des membres d’une association religieuse. Ils donnèrent de l’espoir à ma mère en lui disant de penser à Dieu qui vit au Paradis ; tous ces êtres en souffrance, Il les garde dans son cœur.

L’homme continue à lui poser des questions sur son passé.

Alors, elle lui répond :

— Cette dame m’a emmenée vivre chez elle. Elle m’a conduite dans un endroit où j’ai vu plein de jeunes femmes plus âgées que moi, maquillées et vêtues de robes neuves. La propriétaire accueillit ma mère et la fit asseoir dans une pièce climatisée. Je ne sais pas ce qu’a compris ma mère, mais elle semblait plus confiante. La femme me toisa, puis me demanda : « Quel âge as-tu ? Approche-toi de moi… »

[…]

 

Le seigneur de la terre

Nhem Sophath

Il fait un soleil radieux. C’est une journée merveilleuse, ce qui explique pourquoi la vie enthousiasme tant les bœufs sauvages, ces seigneurs de la terre. Tout le cheptel est ravi, car c’est la saison des vêlages.

Un seigneur se tient près de sa femme ; il la protège pendant qu’elle met bas. Il se tourne pour s’adresser à un autre taureau et plaisante :

— Laen ! Ton enfant te ressemble ; son corps et son visage sont très semblables aux tiens. Tu dois être habile !

Laen répond :

— Tu n’es pas mal non plus, Bouk ! Ton enfant est mignon et séduisant. À l’avenir, ces enfants se reproduiront et continueront notre descendance.

— Oui, c’est génial, dit Bouk. Penser que nos enfants peuvent faire ça !

Tout en parlant, ils s’approchent de la femme de Laen. Son mari la lèche affectueusement et lui demande :

— Chérie, ça va ?

— Oui, ça va, dit-elle tout en se tournant pour observer le nouveau-né qui essaie de se tenir sur ses pattes, mais je suis fatiguée. Notre bébé est si mignon. Tu dois prendre soin de lui.

— Oui, je m’en occuperai bien.

 

Le cheptel de bœufs sauvages est à l’image de la société ; il a ses partisans, ses groupes et ses coalitions. Dans cette vallée, les bœufs se sont divisés en deux troupeaux. Le seigneur de l’un d’eux est le plus gros des bœufs blancs. Ils l’appellent Laen. Le seigneur de l’autre troupeau est le plus fringant des mâles reproducteurs. C’est le plus gros bœuf noir. Ils l’appellent Bouk.

Bien que leurs robes soient de couleurs différentes, Laen et Bouk s’entendent bien. Chacun dirige un groupe tout en étant amis. Ils s’entraident, sachant que tous sont des bœufs sauvages.

 

Le temps a passé. Depuis qu’ils vivent dans cette vallée, personne n’a réussi à planter du riz ou à faire pousser des arbres, c’est pourquoi ils ont du mal à trouver de quoi se nourrir. Auparavant, les deux groupes vivaient heureux et en paix, mais tout a changé.

Il fait très chaud et toute la terre est desséchée parce que le climat a évolué. L’herbe dans les prairies était si délicieuse autrefois, mais la sécheresse l’a transformée en une paille insipide. Désormais, des chiens sauvages ont élu domicile au pied de la montagne située d’un côté de la vallée et menacent constamment les troupeaux. Un à un, les plus jeunes veaux disparaissent. De l’autre côté de la vallée, coule un fleuve infesté de crocodiles. Le fleuve est la seule source d’eau pour les bœufs. Les crocodiles se cachent pour les attraper quand ils viennent boire. Un certain nombre de bœufs ont nourri les crocodiles pendant que d’autres furent mangés par les chiens sauvages. Beaucoup meurent chaque jour. Leur vie est misérable, sans assez de nourriture ou d’eau et sans aucune possibilité de changer de lieu. Ce sont ces problèmes qui ont causé la rupture de l’amitié entre les deux groupes. Ils se sont divisés en de multiples bandes, en quête d’eau et de pâture.

Soif et faim ont débarqué dans leur monde. Certains membres décident d’aller chercher de quoi manger près de l’endroit où vivent les chiens sauvages, bien qu’ils sachent que ce sera dangereux et qu’ils risquent la mort. Un petit groupe cache toute nourriture qu’il trouve tandis qu’un autre marche loin pour en découvrir.

Leur existence est faite d’embûches, désormais. Ils ont froid, faim et soif, ce qui les rend fourbes et intolérants. Ils mettent fin à leur amitié et refusent de s’entraider. Ils n’arrivent pas à trouver comment survivre. Même les deux seigneurs, qui veulent que leurs troupeaux cohabitent, ne réussissent pas à résoudre ces problèmes. Cette situation est si triste. Ils ne peuvent rien changer. À ce moment-là, chaque bœuf suit son propre chemin.

 

Le soleil s’est couché. Quelques bœufs vont jusqu’au fleuve pour se désaltérer. La femme de Bouk, à une bonne distance de son mari, s’y rend aussi avec leur veau. Elle parle à son petit en marchant :

— Mon enfant, presse le pas, s’il te plaît ! La nuit va tomber.

— Maman, j’ai encore faim, répond-il en s’arrêtant pour brouter de l’herbe. Il s’est passé quoi, ici ? Il ne pleut pas et il n’y a pas assez d’herbe. Certains d’entre nous sont même prêts à risquer de mourir égorgés par les chiens sauvages pour avoir assez à manger. Quelques-uns sont morts.

La mère est heureuse de voir son enfant si perspicace quant à la situation. Bientôt, mère et veau atteignent le bord du fleuve, et le veau voit un autre groupe de bœufs sauvages en train de brouter de jeunes pousses. Il veut aller manger avec eux, mais juste avant d’arriver à leur hauteur, le bœuf appelé Adang lui assène un bon coup.

Le veau essaie de se lever, mais il est blessé. Adang lui lance un regard furieux, criant :

— Hé ! Petit morveux ! Tu ne sais pas que c’est mon herbe ?

Le veau le supplie.

— Je sais qu’elle t’appartient, mais s’il te plaît, donne-m’en un peu.

— Quoi ? T’en donner ? Je serais bien stupide !

Un autre bœuf de ce groupe menace alors le veau :

— Tu vois, notre terre est extrêmement pauvre en ce moment. Il n’y a pas d’herbe, rien à manger. En chercher m’a presque anéanti. Pourquoi est-ce que tu en réclames ? Va‑t’en !

Personne ne va donner à manger au veau.

Le veau, apeuré et blessé, pleure sa mère à grands cris. Elle l’entend et court le rejoindre. Arrivée, elle lui demande :

— Qu’est-ce qu’il t’est arrivé ?

Au moment où le veau commence à répondre, Adang l’interrompt :

— Il s’est mal conduit. Pourquoi est-il si insolent et pense-t-il qu’il peut manger mon herbe ? Un enfant comme lui devrait être puni.

À ces paroles, la mère se met en colère car Adang lui manque totalement de respect ; elle est la femme du seigneur blanc de la terre.

— Tu es insolent et impétueux. Pourquoi ne respectes-tu pas mon mari ? Il est ami de ton seigneur…

Avant même qu’elle n’ait fini de parler, Adang crie après elle :

— De quel respect parles-tu ? De nos jours, c’est chacun pour soi. Tout est différent maintenant. Il faut que vous le sachiez. Désormais, tout est question de survie. C’en est fini de l’idéalisme, nous nous fichons des lois, des règles ou des droits de la personne. Nous n’en avons rien à faire. Nous ne savons qu’une chose : si nous trouvons de quoi manger, nous mangeons. Nous ne pensons à rien d’autre. Ça suffit. Partez et toi, emmène ton enfant avant que je ne me mette en colère et ne vous fasse mal.

[…]

 

 

À la lumière des étoiles

Chieb Kim Heang

Stueng Mean Chey, mon pays des merveilles… Ce tas d’ordures est ma propriété, une propriété qui ne se tarit jamais.

Je m’appelle Chey. Je ne sais pas pourquoi j’ai fini par vivre ici ou même quand j’y suis arrivé. Pas plus que je ne sais mon âge. Mes origines restent également un mystère.

Tous les jours, je me bats avec d’autres pour ramasser des choses qui ont été jetées sur ce tas nauséabond.

Nous sommes nombreux à courir après le camion-poubelle. Les ordures, c’est notre argent ; les autres et moi, nous courons après l’argent. Certains disent que j’ai même fait ce boulot dans une vie antérieure. Que peuvent-ils bien savoir de ma vie antérieure ? Je ne connais même pas mon propre passé. Je ne connais même pas mes parents.

 

Un jour, un accident se produit. Un moine est projeté dans un canal plein d’eau fétide où se trouve le cadavre d’un chien. Les gens n’osent pas aider le moine ; plantés là, ils se contentent de me regarder le sauver de cette eau nauséabonde. L’odeur pestilentielle ne me gêne pas. Mais cela ne signifie pas que je n’apprécie pas la senteur des fleurs. Je sais que la pourriture attire les mouches ; les fleurs attirent les papillons. Il n’y a pas un seul papillon sur le tas d’ordures. On n’y voit que des mouches, des mouches à la tête bleue et grise.

L’or reste de l’or même s’il est tombé dans la boue. Le moine est tombé dans une eau malodorante ; personne n’ose l’approcher parce qu’il n’est pas en or. La valeur d’une personne dépend de la situation dans laquelle elle se trouve.

Je l’aide à rentrer chez lui, à la pagode.

Les gens viennent offrir des provisions au moine, mais personne ne fait attention à moi.

Le moine souffre encore de cet incroyable accident. Il me dit :

— Merci infiniment ! Tu n’as pas de parents, alors reste avec moi. C’est mieux que de vivre sur le tas d’ordures. Si tu restes ici, tu vis avec ton karma. Si tu restes ici, tu vis avec des sages. J’ai besoin de quelqu’un qui vive ici et m’assiste, vu mon grand âge.

Je commence ma nouvelle vie en tant que garçon de temple. C’est différent de la vie sur la montagne d’ordures. J’apprends à respecter les gens, à respecter le Bouddha, comme il se doit, à bien parler, à calmer mon tempérament fougueux. J’apprends la moralité et me l’applique à moi‑même. Mes tâches quotidiennes consistent à remplir la cruche à eau, préparer les bâtons d’encens et les cierges, à nettoyer et ranger la chambre et ainsi de suite.

Le moine chez qui je vis est quelqu’un de bien. Il bénit l’eau ; il fait fuir les fantômes et apporte le bonheur aux gens, entre autres choses. Il peut aussi dire la bonne aventure, prédire l’avenir.

Je vis heureux avec lui car il peut m’aider en cas de difficultés.

Mais je me pose une question : s’il est si formidable, pourquoi n’a-t-il pas réussi à empêcher cet accident ? Cela me turlupine ; je n’ai pas la réponse.

Le moine ne m’a jamais dit qu’il pouvait gagner beaucoup d’argent grâce à la magie qu’il connaît bien. Il aide des étudiants à réussir à leurs examens ; il développe les affaires de ses fidèles ; il guérit des malades et fait d’autres choses encore. Il est très célèbre. Même des Cambodgiens installés en France, aux États-Unis, voire en Australie, sollicitent sa bénédiction…

Il reçoit une invitation à se rendre en France. Un mois avant son départ, il approfondit sa connaissance du dharma et travaille ses effets pour que ses fidèles se sentent en confiance avec lui. Il dit que les gens là-bas sont si malins qu’il doit redoubler d’ardeur pour gagner leur confiance.

Il répète de nombreuses fois, tel un danseur avant un gala. Il s’entraîne à parler plus fort, en utilisant les mots justes, à bénir l’eau, à lancer des fruits bénis à ses fidèles et à faire du bruit pour éloigner les esprits.

Il reçoit l’itinéraire de son voyage. Selon ce programme, il sera trop occupé pour faire un tour dans la ville.

Mon moine veut de l’argent pour réparer le temple parce qu’au Cambodge, les monastères qui ont un grand temple impressionnent beaucoup les gens qui, alors, viendront nombreux.

Il est très heureux. Il veut voir la France. Certains disent qu’elle ressemble au paradis. Il n’est jamais allé au paradis ; il en a seulement vu des représentations sur les murs de la pagode.

Un étudiant qui vit dans la même pagode va jusqu’à me dire qu’autrefois, les gens prétendaient que le paradis se situait sur la Lune. Quand les astronautes y sont allés, ils n’ont jamais déclaré y avoir découvert le paradis.

Grand-père moine me montre toujours l’image du Bouddha qui arrive du paradis en empruntant un escalier en émeraude. Au Laos, il y a une vieille pagode où est exposée une représentation du Bouddha arrivant du paradis par un escalier en bambou.

 

— Chey, je regrette d’aller en France à mon âge avancé. Il aurait été préférable pour moi de me rendre à l’étranger plus jeune. Je t’y emmènerai si nous en avons la possibilité. Je te montrerai comment les Français vivent, tu verras des gens doués, capables de fabriquer des fusils ou des équipements électroniques et qui ont su diriger le Cambodge pendant presque un siècle.

Le moine continue à me parler :

— S’il y a beaucoup de Cambodgiens sans instruction comme toi, nous n’avancerons pas. Je ne veux pas que tu te fies à la chance. Il faut que tu étudies, que tu t’instruises.

[…]

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