Bangkok, milieu des années trente.
Wimon, belle jeune femme de 21 ans née dans une famille noble, est très courtisée et appréciée de tous. Sa vie aisée et insouciante bascule soudainement… La voilà chargée de sauver sa famille de la déchéance, de la maintenir unie et de pourvoir aux besoins de ses nombreux frères et sœurs. S’affranchissant parfois de conventions archaïques, elle fait preuve de pragmatisme et n’hésite pas à faire de grands sacrifices.
Ce faisant, elle attire l’attention de son nouveau voisin, Phraya Phonlawat, haut fonctionnaire dans un ministère, qui la couve du regard avec sollicitude et admiration…
La valeur d’une personne, sa noblesse, dépend-elle de sa naissance, de son statut social, de sa richesse ou plutôt de son comportement, de sa moralité ? Se révèle-t-elle dans les épreuves ?
Dokmaï Sot (1905-1963), romancière thaïlandaise de premier plan, est l’auteur d’une douzaine de romans et de nombreuses nouvelles dont les protagonistes sont souvent des femmes.
Née et élevée dans une famille aristocratique de haut rang, elle a commencé à écrire dès l’âge de 20 ans et a poursuivi une carrière littéraire jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.
Parmi ses thèmes de prédilection, il y a celui des dilemmes moraux auxquels font face les Siamois qui voient leurs valeurs traditionnelles remises en question par la modernisation du pays.
Les Nobles, publié en 1937, est son œuvre phare. Ce grand classique de la littérature thaïlandaise moderne, imprégné de valeurs bouddhistes, a été maintes fois réédité.
Traduit du thaï par Wanee Pooput et Annick D’Hont.
Chapitre 1
« Brahmane… Celui qui mérite ce nom ne le doit ni à son chignon, ni à sa naissance. C’est en vertu de sa parole, d’une attitude conforme au Dharma qu’il mérite d’être appelé brahmane.
Brahmane… Un homme n’est pas mauvais de naissance, il n’est pas brahmane de naissance non plus. C’est son karma qui fait de lui un homme mauvais. Si une personne est appelée Phou Di, c’est à ses actes qu’elle le doit.
Brahmane… L’homme en colère, celui qui garde rancune et ne cesse d’avoir l’insulte à la bouche, commet le péché. Il est mauvais celui qui agit par calcul, qui intrigue constamment, comme est mauvais celui qui agit avec bassesse, avec prétention et qui se plaît à humilier son prochain. »
Une grosse automobile, dernier cri, une voiture magnifique, la plus belle à l’époque, quitta le perron de la grande maison. Elle s’avança sans bruit, sans heurt, comme un bateau qui glisse sur les flots. Une jeune fille dont l’élégance était parfaitement en harmonie avec le chic de la voiture fit en souriant un signe de la main à son petit frère. Puis le véhicule tourna, passa le portail et gagna la rue, une rue caillouteuse criblée de trous comme un plateau de khanom khrok[1], une rue dont l’aspect était dénué de l’élégance qui caractérisait la berline, laquelle en paraissait d’autant plus luxueuse. Le chauffeur qui, des années durant, avait conduit la vieille voiture de son maître dans le quartier de Phayathaï ne pouvait, lui, oublier les heurts et les soubresauts imputables au mauvais état de la route, alors même que la nouvelle voiture les effaçait.
Cette jeune fille assise à l’arrière semblait plongée dans les mêmes pensées que les siennes. Elle lui demanda :
— Chui, qu’en dis-tu ? Penses-tu à notre vieille Morris ?
Le visage réjoui, les yeux brillants de l’homme disaient son admiration. Il ne répondit pas. La jeune fille poursuivit :
— N’oublie pas de t’arrêter chez Khun Sutchaï.
La voiture roula un long moment, puis elle s’arrêta devant la porte d’une maison.
— Chui ! Klaxonne ! ordonna la jeune fille.
Le bruit du klaxon se fit entendre aussitôt. Le chauffeur quitta son siège, descendit avec précaution, comme il convenait à ceux qui servent depuis des années la même famille de notables. Il demeura debout, au garde-à-vous à côté de la voiture, prêt à recevoir un ordre.
Le regard fixé droit devant elle, la jeune fille observa la bâtisse. C’était une vieille maison de bois à deux niveaux dont la peinture était tellement défraîchie qu’on n’en distinguait plus la couleur. Toutes les fenêtres visibles étaient ouvertes. Sur le côté, du linge blanc volait au vent. Difficile de distinguer ce que c’était exactement. Les familiers de la maison y auraient vu à coup sûr des taies d’oreiller ou des draps ; or, il n’était que 16 h 20, les rayons du soleil brillaient encore assez fort pour blanchir la toile ; il était possible aussi que, trop occupée ailleurs, la maîtresse de maison n’ait pas pensé à demander à ses servantes de rentrer le linge.
— Chui, klaxonne de nouveau !
Le chauffeur exécuta l’ordre. À peine le klaxon avait-il retenti qu’une jeune personne apparut à la fenêtre ; elle se pencha pour mieux voir la voiture, se retourna puis disparut à l’intérieur. Wimon, qui avait eu le temps de l’apercevoir, poussa un léger cri d’étonnement. Elle tendit la main pour saisir la poignée, sans parvenir à ouvrir la portière. Chui se précipita, l’aida à descendre du véhicule. Après cela, il ouvrit le portail qui grinça, crouic-crouic.
La jeune fille dans la maison se pencha à la fenêtre pour la seconde fois. Elle vit sa cousine franchir le portail et dit :
— Ah ! C’est Wimon. Tu es venue avec la voiture de qui ?
— La mienne. Mais comment se fait-il que tu ne sois pas encore habillée ?
Une femme d’un certain âge sortit du rez-de-chaussée, et s’avança en disant :
— Oh, mais c’est Wimon ! J’ai entendu du bruit. Je me demandais qui arrivait.
La jeune fille se mit à rire et répondit :
— Je viens chercher Sutchaï.
— Elle est en train de s’habiller. Je ne sais pas pourquoi elle n’est pas encore prête. Pourtant, je l’ai vue se préparer très tôt ce matin, répondit-elle en hochant la tête.
Wimon leva les yeux vers la fenêtre, mais ne vit pas sa cousine. Elle se dirigea vers l’escalier qui menait à l’étage supérieur et dit à sa tante :
— Je vais l’aider.
Elle monta l’escalier, arriva à l’étage, marcha le long d’un couloir sombre. Habituée au désordre qui régnait partout dans la maison, Wimon dépassa deux chambres fermées sans chercher à jeter le moindre regard à l’intérieur et entra dans la troisième.
La première image qui lui sauta aux yeux fut le visage de Sutchaï dans le miroir, une image qui changea brusquement.
La jeune fille se tourna vers Wimon, un bâton de rouge près de sa bouche, et lui dit :
— Un instant, je n’en ai que pour un instant ! J’ai presque terminé.
Elle se retourna vers le miroir. Wimon demeura près de la coiffeuse, observant sa cousine de près. Elle aperçut des gouttes de sueur qui perlaient sur son front à travers la crème et la poudre. Compatissante, elle lui dit :
— Ne te bouscule pas tant ! Mais comment se fait-il que tu n’aies commencé à t’habiller que lorsque je suis arrivée ? Tu te presses trop maintenant. Il fait plutôt frais, et ton visage dégouline !
— Comment ne pas transpirer ? répondit Sutchaï d’un ton haut perché qui trahissait sa mauvaise humeur. J’ai du travail à en mourir ! Regarde, je dois tout faire ici. Viens là, regarde ma chemise à l’endroit de la taille. Que vois-tu ?
Wimon regarda avec attention, ne remarqua rien qui pût expliquer la mauvaise humeur de sa propriétaire et dit :
— Je ne vois rien d’anormal… Elle semble tout à fait bien… À part ces deux plis, peut-être ?
— Je les ai faits car elle était déchirée.
Sutchaï jeta son rouge sur la table et se saisit d’un crayon noir pour redessiner des sourcils presque inexistants.
— Je voulais faire ma toilette dès trois heures et demie afin d’être prête quand tu arriverais, mais j’avais encore mon chemisier à repasser. Et puis ma mère m’a apporté les siens ! Deux chemisiers à repasser en plus du mien. Pour comble, le mien s’est déchiré, j’ai dû le recoudre. Comment ne pas être en retard après cela !
Wimon avait écouté sans mot dire, tout en regardant sa cousine dessiner ses sourcils en arc de cercle comme des demi-lunes. Sutchaï posa bientôt son crayon noir, prit un peigne pour se coiffer, mit un peu de brillantine, arrangea ses cheveux avec les doigts en reconstituant les vagues fixées par une permanente.
Elle se tourna vers Wimon. Leurs yeux se rencontrèrent un instant, mais elle se détourna pour se concentrer de nouveau sur son miroir avec un sourire difficile à interpréter en disant :
— Je t’imaginais en train de t’habiller… Toi, tu n’as pas besoin de remuer le petit doigt pour faire quoi que ce soit. Toi, dès que tu en as envie, tes chemises et tes chaussures sortent de l’armoire. Toi et moi, ce n’est pas pareil !
— Et qui plus est, répondit Wimon en riant, je ne bouge pas le petit doigt pour me dessiner une bouche et des sourcils ou pour refaire des vagues avec mes cheveux, comme tu es obligée de le faire.
— Pourquoi me le rappeler ? Toi, tu es jolie ! reprit Sutchaï d’un ton aigre.
Elle jeta son peigne et se leva brusquement.
Wimon rit de nouveau et demanda :
— Es-tu prête maintenant ? Nous pouvons y aller ?
— Mais… Un moment encore, s’il te plaît. Je n’ai pas mis mes chaussures.
— Ah ! Je croyais que c’était fait. Où sont-elles ? dit Wimon en regardant autour d’elle.
— Je n’ai pas dû les sortir. Elles doivent encore se trouver dans l’armoire, répliqua Sutchaï en cherchant ses chaussures des yeux elle aussi, mais ne les voyant pas.
Elle alla vers sa garde-robe, tira le tiroir du bas, ouvrit une des boîtes parmi les innombrables qui s’y trouvaient, en défit trois tour à tour sans trouver la paire de souliers dont elle avait besoin. Arrivée à la quatrième, elle en sortit enfin une paire. Un petit bruit se fit entendre, et des cailloux restés à l’intérieur des chaussures tombèrent sur un papier. Sutchaï tapa les souliers sur le sol, les leva pour souffler dessus, chassa du doigt la poussière qui y était collée, les posa à terre et y glissa ses pieds. Elle remit les boîtes dans l’armoire qu’elle referma en faisant claquer la porte.
— Tu as fini ? Ça y est ? demanda Wimon en s’éloignant de l’armoire pour se diriger vers le miroir. Laisse-moi regarder mon visage : peut-être est-il encore un peu trop foncé ?
— Oh ! Quand on est belle comme toi, on n’a pas à se préoccuper de son teint, rétorqua la jeune fille qui s’était baissée pour nouer ses chaussures.
— C’est vrai, je n’ai nul besoin de me remettre de la poudre. Et puis cela nous ferait perdre encore du temps, répondit Wimon en riant devant le miroir.
— Regarde, c’est la nouvelle voiture ! dit Wimon tandis que sa cousine sortait de la maison. Mon père est allé la chercher au garage hier. Il a demandé au patriarche Chao Khun Tham de la bénir, puis il l’a invité à se promener avec lui et l’a raccompagné au temple. À part cela, Père n’est encore allé nulle part : nous sommes les premières à utiliser la merveille !
Sutchaï se jeta brutalement sur la banquette. Elle examina tout à la ronde avec un regard dur, tandis que Wimon poursuivait calmement :
— Les sièges sont très confortables, n’est-ce pas ? Je n’ai senti aucun soubresaut en passant devant la maison, juste une petite secousse.
— Chanphen va t’adorer encore plus maintenant ! dit Sutchaï.
— Pourquoi donc ? Pour quelle raison ?
— Pour la simple raison que tu possèdes une voiture neuve, une automobile luxueuse et du dernier chic ; ça, je te l’affirme !
— Euh ! dit Wimon en secouant la tête. Je ne comprends pas.
— Ne fais pas l’idiote ! On aime toujours ceux qui sont riches, ceux qui ont du bien, ceux qui sont célèbres…
Wimon se mit à rire et répondit :
— Maintenant que je suis arrivée à la maison de Chanphen, suis-je plus riche, plus chic qu’il y a cinq ans ? C’est étrange, si je savais que quelqu’un m’aime parce que je suis riche, je crois que je préférerais rompre toute relation avec cette personne.
— De toute façon, Chanphen choisit de ne fréquenter que des gens fortunés, dit Sutchaï en riant avec suffisance.
Wimon aurait bien voulu la contredire, mais elle se tut. Toutes deux demeurèrent silencieuses. Soudain, Wimon éprouva une sensation étrange : Sutchaï la scrutait de bas en haut. Elle se retourna et demanda, souriant à moitié :
— Que regardes-tu ?
— Une très jolie personne ! dit Sutchaï en riant à son tour, mais sur un ton de voix totalement différent.
Wimon haussa les épaules, puis changea de sujet :
— Comment va ton petit frère Noï ?
— Oh ! Un jour, on dit qu’il va guérir, mais il ne guérit pas. Puis on dit qu’il va mourir, et il n’est pas mort. On dépense beaucoup d’argent pour le soigner.
— Qu’a-t-il exactement ?
— On ne sait pas. Un médecin dit qu’il a telle maladie, un second prétend qu’il en a une autre. C’est en tout cas un mal qui coûte cher. On change de médecin, de médicament presque tous les jours. Un docteur thaï demande huit bahts, quelquefois dix, un Occidental cinq bahts, parfois dix, et l’on en a pour sept ou huit bahts par dose de médicament chaque fois. C’est vraiment étrange : mes parents ne regrettent pas cet argent. Mais moi qui travaille toute la journée – tantôt mon père me demande de faire ceci, ma mère de faire cela –, chaque fois que j’ai besoin d’argent, soit pour un chemisier, soit pour m’acheter une paire de chaussures, ils me posent un tas de questions et je me fais rabrouer à mort.
Wimon la regarda pensivement. Elle avait déjà entendu ce genre de discours des dizaines de fois. Lorsque Sutchaï lui faisait part de ses frustrations, comme aujourd’hui, elle l’écoutait avec compassion, quoique souvent elle trouvât ses plaintes peu justifiées. Parfois, un doute l’assaillait : elle se demandait si, placée dans la situation de sa cousine, elle saurait mieux que celle-ci conserver un cœur pur et serein.
Par deux fois Sutchaï inspecta sa cousine de bas en haut. Ses yeux s’étaient longuement attardés sur sa chemise, sa jupe et ses chaussures. Le regard dur, elle poursuivit :
— Nous avons le même grand-père paternel, et pourtant nous sommes aussi différentes l’une de l’autre que le ciel et la terre. Où est la justice ici-bas ? Mon père se plaît souvent à me reprocher de manifester des réactions différentes à l’égard de mon frère et de ma sœur. Selon mon humeur du moment, j’aimerais l’un et je détesterais l’autre. Il me demande d’agir selon plus de justice. Pauvre Père ! Le sien s’est montré bien injuste à son égard, et c’est pour cela qu’il se trouve dans cette situation de pénurie, et moi avec.
Tandis qu’elle écoutait sa cousine, le mécontentement se lisait sur le visage de Wimon. « Grand-père » était pour elle une véritable divinité, un être doué de toutes les vertus. Mais il y avait un décalage de plusieurs dizaines d’années entre leurs générations. Elle avait grandi, fait des études et le doute s’insinuait en elle aujourd’hui : son grand-père n’avait peut-être pas agi comme il aurait fallu… Elle n’ouvrit donc pas la bouche pour faire part à sa cousine de ses objections.
Sutchaï poursuivit :
— Je voudrais parfois répondre à mon père que je ne suis pas quelqu’un hors du commun comme lui. Que dans ce monde, les gagnants sont ceux qui ont de la chance. Que lorsqu’elle arrive, il faut la saisir. Que la justice n’existe pas.
Ce dénigrement incessant irritait Wimon. Tout à coup, incapable de supporter plus longtemps la hargne de sa cousine, elle répliqua :
— Je ne vois pas quel intérêt tu trouves à critiquer quelqu’un qui n’est plus de ce monde depuis longtemps. C’est le père de nos pères…
— Oh ! N’en rajoute pas. Toi, tu as toujours été la petite-fille préférée de Grand-père. Ne me critique pas, toi, la petite-fille d’une Khun Ying ! As-tu jamais connu la moindre difficulté dans ta vie ? Essaie donc de vivre la mienne un seul mois…
— Si j’étais à ta place, je ne me préoccuperais pas du passé au risque d’en perdre la tête : je ne considérerais que le présent. Ton père, mon oncle, est une personne que tous montrent du doigt en disant que c’est quelqu’un de bien. Il n’a pris qu’une seule épouse, n’aime qu’une seule femme, chérit tous ses enfants autant les uns que les autres. Ne mérite-t-il pas ton respect et ton admiration ?
— Mmm. Je t’estime énormément, et tu es quelqu’un d’exceptionnel. Déjà quand tu es née, notre grand-père te mettait au pinacle. Tu as grandi, et tout le monde se pressait pour te cajoler. Puis, quand tu es devenue une jeune fille, ton père t’a confié la maison. Il te donne tous les mois une bonne somme d’argent. C’est toi qui fais la pluie et le beau temps[2] chez toi : si tu n’aimais pas ton père, tu serais moins qu’un animal ! Moi, vois-tu, je suis la fille aînée ; il me faut travailler pour mon père, pour ma mère, pour mes frères et pour mes sœurs. Je suis la seule à trimer : mon père devrait penser à me donner plus qu’aux autres, mais il est très avare ; on ne peut pas toucher à son argent, et il ne trouve jamais qu’à redire et à grogner.
Wimon retint sa respiration, demeura silencieuse un moment puis interrogea sa cousine :
— Ah ! J’ai compris. Tu as demandé de l’argent à mon oncle pour acheter un chemisier à l’occasion de la fête, et il ne te l’a pas donné. C’est cela ?
— Oh ! Quelle que soit la circonstance, il ne me donne jamais ce que je demande. Maman doit chaque fois agir en cachette ! continua Sutchaï, évitant de répondre à la question.
C’est donc bien cela, se dit Wimon qui décida de la laisser se plaindre tout son saoul.
Peu de temps après, la voiture tourna pour entrer dans la propriété où se déroulait la fête. Wimon jeta un regard vers un groupe de personnes rassemblées au loin. La voiture s’arrêta net au bord de la pelouse, et Chui se pencha pour ouvrir la porte à droite ; Sutchaï s’empara d’un paquet posé sur le siège et descendit promptement, le présent à la main.
Chanphen, une jeune fille au joli visage, courut vers la voiture et dit amicalement à Wimon :
— Pourquoi viens-tu si tard ? Joli costume ! Belle voiture ! Tu as choisi une soie qui te va à merveille. Yuphadi est venue, elle aussi ! Mais enfin, quand vas-tu descendre de ta voiture ?
Wimon rit doucement et se décida à bouger. Elle chercha le cadeau qu’elle avait préparé pour son amie. Comme elle ne le voyait pas, elle demanda à son chauffeur :
— Chui, le paquet est-il devant ?
— Il est là, répondit rapidement Sutchaï de derrière la voiture, en tendant le paquet à Chanphen.
La jeune fille le prit, le regarda d’un air interrogateur. Sutchaï s’empressa de déclarer, d’une voix douce :
— Nous sommes venues ensemble, et c’est ensemble que nous faisons ce cadeau !
— Merci beaucoup !
Chanphen se tourna vers son amie et la remercia encore.
Puis les trois jeunes filles se dirigèrent vers la grande pelouse où les amis de Chanphen étaient assis. Garçons et filles se saluèrent et se taquinèrent joyeusement.
[1] Khanom khrok : gâteaux de farine de riz, de sucre et de noix de coco cuits en quelques minutes dans un plateau en terre qui comporte différents creux, un peu plus grands que ceux de nos plats à escargots.
[2] En thaï, on dira d’une personne qui a de l’influence qu’« elle pointe le doigt vers un oiseau, l’oiseau vient, vers un morceau de bois, le bois arrive ».
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