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Bangkok - Se régaler de beignets de bananes

TEMPS DE LECTURE : 2 minutes.


Dans les ruelles du marché ou parmi les marchands ambulants, on aura déjà repéré le vendeur de café boran et celui de pathongko frais, déjà goûté des saveurs et emmagasiné assez d’énergie pour agrémenter une longue matinée. Mais quid d’un en-cas, d’un petit creux qui deviendra vite gouffre ou d’une envie instinctive de se régaler de quelques douceurs supplémentaires ?

Il y aura toujours le choix entre quartiers de fruits délicats comme ananas, papaye, goyave vendus tels quels sortis du présentoir et proposés avec un sachet mélangeant grains de sucre, sel et piment. On pourra aussi s’offrir des milk-shakes, jus pressés ou smoothies à partir d’autres agrumes colorés, mais, surtout, ne pas trop succomber aux marchands de beignets et en particulier ceux de petites bananes locales. Se prévenir de humer des arômes caramélisés, éviter d’apercevoir ces signaux de fumée sortant des friteuses bouillonnantes, se détourner à l’approche d’enfants piochant dans leur sachet un succulent beignet et si nécessaire changer de trottoir.
Mais comment y résister ? Fruit tropical aux diverses variétés dont de nombreuses ne se retrouvent qu’ici et dont le goût s’intensifie miraculeusement à la cuisson ; tentation extrême de ce fruit moelleux trempé dans une chapelure ni épaisse ni grasse.

Petite et mince, chaque tranche de banane mise en petits beignets donnera ce format si facile que l’on pourrait avaler d’une seule bouchée, mais que l’on préférera manger morceau par morceau : faire d’abord craquer cette panure, puis laisser fondre le fruit dans le palais. Choix entre douceur et craquant, à chaque beignet un équilibre différent et la surprise de n’avoir que de rares fois seulement de la pâte ou au contraire un fruit moelleux qui déborde du beignet.

Si l’on voulait ne pas se faire surprendre à grignoter, chercher alors à jouer les innocents avec l’alibi du sachet opaque, ancien papier journal recyclé cachant notre précieuse gourmandise. Mais ces douces friandises dégustées goulûment nous rendront si radieux que, de toute façon, nous serons trahis par notre extase gastronomique inspirant un sourire et des yeux pétillants.
Au contraire, afficher son épicurisme, son goût des petits plaisirs éternels, manger à pleines dents en contemplant chaque beignet sorti du sachet d’abondance ; ce dernier, le tenir bien haut et visible pour faire des envieux et l’inspecter minutieusement pour ne rien gaspiller et se rassasier jusqu’aux dernières miettes.

Jean Maury
Version révisée par les éditions Gope, février 2017

Texte extrait de Sous le ventre de l’éléphant blanc qui peut être acheté ici

© illustration : wongnai

Maison d’édition indépendante ayant pour vocation de faire découvrir la Thaïlande, Hong Kong, la Malaisie, l'Indonésie, le Cambodge... par le livre

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