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Bangkok - Faire des offrandes à point nommé

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À croire que l’on aurait pu apprécier un réveil tardif, une matinée consacrée au sommeil, un repos bien mérité… c’était sans compter sur un devoir culturel, quasi obligatoire et enraciné dans la tradition bouddhiste de tout un pays et perpétué de façon ancestrale. Ce devoir religieux de tak bat consiste à préparer soigneusement et quotidiennement des offrandes de nourriture accompagnées d’une sélection de produits de première nécessité, pour les offrir aux bonzes faisant l’aumône dans les rues et ruelles adjacentes à leur temple.

Ces victuailles, il faudra les avoir achetées lors d’une visite au marché de nuit ou à celui du matin, ouvert bien avant le lever du soleil. Si ce stock peut se préparer la veille pour éviter un réveil aux aurores, il ne faudrait pas, pour cause de traînerie, manquer le passage minuté du petit groupe progressant le long d’un itinéraire long et parfois pénible. Une solution de facilité est de s’installer directement dans un temple pour guetter le départ ou le retour des bonzes, faute d’avoir réussi à rencontrer ces pèlerins.

Généralement, c’est par groupes de trois ou quatre personnes (un bonze senior, quelques novices et un aide) que, dès les premières lueurs, ils quittent leur résidence. D’un pas sûr à l’allure modérée, habillés sobrement d’un kesa ocre, de sandales faute d’être pieds nus comme autrefois, de leur besace en bandoulière et d’un panier plus large porté par le plus jeune, ils avancent à la rencontre fortuite de donateurs réguliers. Sans attente particulière, ces braves religieux comptent silencieusement sur le réconfort de cette population et de toute l’attention du genre humain.

Donner de façon juste et équitable. Partager ces biens entre les représentants des différents temples, qu’ils soient luxueux ou modestes, car il ne sera pas rare d’apercevoir au détour d’une rue, un peu par hasard, d’autres bonzes cheminant plus encore. Ce geste de partage, sacrifice parfois, transforme la journée : choix méticuleux d’offrandes, effort d’un réveil matinal, appréhension d’un monde qui s’éveille et être là, observateur privilégié, ressentir cette progressive effervescence d’un matin encore calme avec la satisfaction d’avoir bien agi.

Quel que soit l’usage final de ces dons, il y aura toujours parmi les fidèles du temple, des démunis qui sauront apprécier sans gaspiller toute cette générosité et cette simplicité, reflets de toute la société thaïlandaise.

Jean Maury
Version révisée par les éditions Gope, février 2017

Texte extrait de Sous le ventre de l’éléphant blanc qui peut être acheté ici

© illustration : boonzak

Maison d’édition indépendante ayant pour vocation de faire découvrir la Thaïlande, Hong Kong, la Malaisie, l'Indonésie, le Cambodge... par le livre

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